MEDECINS D'AFRIQUE
ONG Internationale des Médecins et Acteurs de Santé pour la Promotion des Soins de Santé Primaires
Article Intervention


Vos compétences sont les atouts de l'Afrique pour son développement socio-sanitaire.
Les questions de santé se dressent avec plus d'acuité encore en Afrique. Les compétences existent à travers le réseau de médecins, pharmaciens, tradipraticiens et scientifiques africains. Il ne tient qu'à nous tous de les fédérer pour les mettre au service du développement socio-sanitaire.




URGENCES
25.04.2018
République Centrafricaine - Riposte au MonkeyPox dans la Région sanitaire 6 – Avril 2018
La République Centrafricaine enregistre régulièrement des cas de variole du singe (Monkeypox) depuis 2010 après les premiers cas notifiés en 1984 et 2001. Au cours des 5 dernières années, les cas ont été enregistrés dans la Lobaye (Mongoumba et Mbaïki), le Mbomou (Bangassou, Bakouma & Ouango), la Basse Kotto (Mingala) et la Haute Kotto (Bria). Les parties Sud-Ouest et du Centre-Est du pays, en zones de forêt, sont les plus fréquemment touchées par cette maladie sans un réservoir de virus clairement identifié dans la transmission. Ceci est d’autant plus difficile à mettre en évidence car dans la région de l’Est touchée en 2018 (Ippy, Rafaï et Bakouma), le climat sécuritaire ne permet pas de mettre en place une surveillance de la faune animale afin de détecter une épizootie de Monkeypox.

Depuis le début de l’année 2018, le pays a enregistré trois (03) flambées de Monkeypox dont celle de la sous-préfecture d’Ippy, la première a été la plus importante avec 09 cas suspects dont 06 confirmés par le laboratoire et 0 décès. Les deux autres flambées sont celles de Rafaï (03 cas suspects 0 décès) et Bakouma (01 cas suspect et 0 décès) non confirmé. Depuis le 07 avril 2018 des cas suspects ont permis le déclenchement de l’alerte et Médecins d’Afrique (MDA), présent dans la zone a été mandaté aux côtés du District Sanitaire de Bangassou avec l’appui de l’OMS en intrants pour apporter sa contribution afin de juguler l’épidémie. Le gouvernement centrafricain, en lien avec ses partenaires, a immédiatement élaboré un plan de contingence (en cours de validation) pour gérer la riposte sur lequel chaque partenaire est appelé à apporter sa contribution. L’Institut Pasteur de Bangui, associé dans ce dispositif apporte son expertise dans l’analyse des échantillons et la confirmation des cas.

Une mission d’investigation a ainsi été menée du 13 au 15 avril 2018 par MDA et le DS de Bangassou. Elle a permis le prélèvement des échantillons et leur transmission à l’Institut Pasteur de Bangui, la dotation en médicaments remis par l’OMS, la mise en place de 3 Unités de prise en charge (PEC) et 1 Unité pour l’isolement des patients à Rafai, ainsi que la formation des agents et des Relais communautaires (RECO), la collecte et transmission des données épidémiologiques S15 et S16. Une campagne de sensibilisation de masse a également été menée dans chaque aire de santé (Rafai, Aim, Selime et Gbanga) Les conditions sécuritaires à Rafai ne facilitent pas l’intervention et la mission d’investigation a signale qu’il faille mieux anticiper le manque en médicaments, en kits de protection et de matériel d’hygiène qui se profile pour la prise en charge des patients, ainsi que le besoin d’installation de sites d’isolement.

Il est donc important de réagir rapidement pour stopper la progression de l’épidémie. Nos recommandations sont de constituer et former une équipe d’urgentistes supplémentaires, de mobiliser les ressources additionnelles pour renforcer les capacités de PEC, de former tous les agents de santé et les RECO du District sanitaire Bangassou et Rafai ; de doter les sites de prise en charge et d’isolement en médicaments et équipements, de prélever et acheminer au laboratoire tous les cas suspects et d’assurer une surveillance épidémiologique à base communautaire avec la supervision de l’équipe médicale sur place. Il sera également important de développer et mettre en œuvre un plan de communication plus étendu pour sensibiliser les communautés, de disponibiliser les moyens préventifs, de détection des cas suspects et référencement des patients vers les Centres de santé dédiés.
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